Depuis presque deux ans, nous traversons une crise inédite par son ampleur qui met à mal nos organisations professionnelles et personnelles. Dans ce climat incertain dans sa durée autant que dans ses impacts, le télétravail est venu ajouter un paramètre à l’équation : la distance.
Comment bien déceler à distance les signaux faibles de difficulté ? Comment aider nos équipes à distance ? Et comment le faire en étant soi-même en difficulté et éloigné ?
Burn-out : qu’est-ce que c’est ?
Mais d’abord, comment le définir ? La Haute Autorité de Santé (HAS) définit le burn-out comme un état « d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
L’Organisation Mondiale de Santé (OMS) précise quant à elle qu’il n’est « pas conceptualisé comme une condition médicale mais plutôt comme un phénomène lié au travail ». Il résulte alors « d’un stress chronique au travail n’a pas été pris en charge avec succès ».
Contrairement à ce que nous pensons souvent, il n’est pas causé par le seul excès de travail. Parmi les autres causes, il convient notamment de considérer : le manque de moyens, des objectifs non ou mal définis, l’incapacité du manager à identifier et prendre en charge la situation d’un collaborateur, l’inadéquation entre la personne et le poste, la pression que nous nous mettons nous-mêmes face à nos propres enjeux, etc …
Sans oublier enfin que lorsque le contexte de l’entreprise favorise les rivalités et les « conflits de territoires », il peut aussi se combiner à de l’ignorance délibérée voire à de la malveillance.
Ainsi, épuisement, perte de sens, isolement, rupture, impacts professionnels et privés sont quelques-unes des étapes qui constituent le processus.
Qu’ils s’agisse de PME, de filiales de groupes, structures familiales ou non, la plupart des entreprises qui parviennent à résoudre l’équation mettent l’humain au centre de leurs organisations. Elles ont créé des rituels pour rétablir les liens distendus. De là, elles favorisent le climat de confiance qui permet de demander de l’aide sans craindre le jugement. Afin de mieux sécuriser leur capital humain et pour rester concentrées sur leurs cœurs de business, elles font appel à des compétences externes et neutres : elles se font aider.
What else ? C’est officiel : le burn-out est enfin reconnu comme une maladie pour l’OMS. Si auparavant on parlait simplement d’un « phénomène lié au travail », désormais, grâce aux recherches de professionnels, le burn-out est enfin accepté comme « syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès ». Trois éléments principaux le composent : un sentiment d’épuisement, du cynisme ou des sentiments négativistes liés à son travail et une efficacité professionnelle réduite.
Son nom de code ? QD85. Cette avancée est historique puisque les professionnels de santé de l’OMS échangent des informations partout dans le monde. En somme, le burn-out fait enfin partie de la classification des maladies de l’OMS, dans la section consacrée aux « problèmes associés » à l’emploi ou au chômage.
Quels enjeux ?
Avec la crise sanitaire, le burn-out a été remis au-devant de la scène. En effet, avec le télétravail, les burn-out ont doublé en un an en France. La situation est plutôt inquiétante. Les épuisements professionnels se multiplient depuis le retour progressif au bureau des équipes. La détresse psychologique est là, et les salariés souffrent terriblement !
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la crise sanitaire n’a pas épargné les salariés, bien au contraire. Selon le cabinet franco-québécois Empreinte Humaine spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux, le taux de burn-out a doublé en l’espace d’un an, touchant 2 millions de personnes en burn-out sévère.
Comment cela se traduit-il ? Eh bien, par une sorte de « déshumanisation ». C’est-à-dire que les personnes fonctionnent comme des robots et s’éloignent au maximum de leurs émotions en s’autocensurant. La communication est alors rompue et la chute de plus en plus rude au fur et à mesure du temps, le mutisme étant devenu monnaie courante.
Quel public est principalement exposé ? Il s’agit principalement des managers. Ces derniers semblent être en pleine détresse psychologique. Ainsi, 6 managers sur 10 disent ne pas pouvoir faire leur travail comme ils le souhaiteraient.
Télétravail et bureau. Que choisir entre distanciel et présentiel ? Les entreprises s’interrogent depuis la fin du dernier confinement. Si certaines encouragent le retour au bureau, d’autres préfèrent proposer le télétravail de manière systématique. Mais que choisir ? C’est une question à laquelle il est bien difficile de répondre voire impossible, car il n’y a pas une bonne réponse. En effet, la réponse se trouve au sein de la dynamique d’équipe et doit se prendre en groupe. Et puis il est également possible de combiner les deux en proposant des jours à domicile et d’autres au bureau.
Conclusion : Comment s’en sortir ?
Le burn-out étant une maladie, il est impératif de s’accompagner de professionnels compétents pour s’en sortir.
Mais ce n’est pas tout … « Mieux vaut prévenir que guérir », dira-t-on. Alors, pourquoi ne pas commencer par former le personnel à ces questions et agir dès que l’on peut à la vue d’un problème ?
Qu’en pensez-vous ?
Edouard Thiriez
Remerciements :
Un grand merci aux professionnels qui ont apporté leur expérience et leur point de vue, ainsi que leur temps précieux : Caroline Arnaud, Nathanaël Cardinal, Frédéric Desclos, Emmanuel Donati, David Gautheron, Doaa El Gebaly, Morgane Jouffre, Vincent Lagarrigue, Yael Mainini, Alexandre Simmler, Eric Vernin.